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    «Papa Lumière», ces expatriés revenus de la Côte d’Ivoire

    «Papa Lumière»

     

    «Papa Lumière», un premier long métrage de la réalisatrice Ada Loueilh.

     

    Ce mercredi 29 juillet sort en France « Papa Lumière ». C’est l'histoire d'un Français rapatrié en urgence de Côte d'Ivoire avec sa fille métisse pendant la crise post-électorale de 2011. Le comédien Niels Arestrup y interprète ce père, sonné d'avoir tout perdu, et confronté au défi de reconstruire une vie, et une relation avec cette enfant qu'il a peu connue.

    On est en 2011. Jacques débarque en France, avec Safi, sa fille de 14 ans, qu'il a eue avec une prostituée ivoirienne. En Côte d'Ivoire, ce Français a tout perdu, y compris son hôtel, incendié pendant la crise. Sous les traits de Niels Arestrup et ses cheveux blancs, c'est un personnage bourru, en manque d'Afrique, et qui noie sa détresse dans l'alcool.

    Quant à Julia Coma, dont c'est le premier rôle, elle incarne cette adolescente sur la réserve, qui a peu connu son père, et se voit hébergée avec lui dans un foyer d'accueil pour rapatriés à Nice. Père et fille vont devoir s'apprivoiser et reconstruire une vie, loin de la Côte d'Ivoire.

    Pour ce premier long métrage, la réalisatrice Ada Loueilh s'est inspirée de sa propre expérience du déracinement, quand, à l'âge de 10 ans, élevée en Côte d'Ivoire, elle a dû suivre ses parents qui avaient fait le choix de rentrer en France. Un retour douloureux, précise la jeune femme, qui compare les expatriés revenus au pays à des métisses invisibles, ni tout à fait d'ici, ni tout à fait d'ailleurs.

     

     

    «Papa Lumière»


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    LE CROCODILE DU BOTSWANGA

    SORTIE LE 19 FEVRIER 2014

    Synopsis et détails


     Leslie Konda, jeune footballeur français talentueux, repéré à son adolescence par Didier, un agent de faible envergure qui a su le prendre sous sa coupe, vient de signer son premier contrat d’attaquant dans un grand club espagnol. Dans le même temps, sa notoriété grandissante et ses origines du Botswanga, petit état pauvre d’Afrique centrale, lui valent une invitation par le Président de la République en personne : Bobo Babimbi, un passionné de football, fraîchement installé au pouvoir après un coup d’état militaire. Leslie se rend donc pour la première fois dans le pays de ses ancêtres accompagné par Didier pour être décoré par le Président Bobo qui s’avère rapidement, malgré ses grands discours humanistes, être un dictateur mégalomane et paranoïaque sous l’influence néfaste de son épouse. À peine ont-ils débarqué que Bobo conclut un deal crapuleux avec Didier : faire pression sur son joueur afin que celui-ci joue pour l’équipe nationale : les Crocodiles du Botswanga…

     

     

     

     


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    LES RAYURES DU ZEBRE

     

    CRITIQUE

    Benoît Poelvoorde en mimile maquignon du foot moderne.

    Se creuser les méninges pour trouver trace d’un bon film qui utilise l’univers du football comme toile de fond se révèle un exercice plutôt aride et déprimant. A part quelques objets britanniques et le Coup de tête, de Jean-Jacques Annaud, qui commence à sentir un peu la poussière, les exemples ne se bousculent pas. Sur ce terrain vierge ou pas loin, le débarquement de Benoît Poelvoorde en agent free-lance écumant la Côte-d’Ivoire à la recherche de la perle rare constituait une promesse encourageante. Le résultat, signé par une vieille connaissance du comédien, Benoît Mariage (Les convoyeurs attendent, Cowboy), reste pourtant au milieu du gué, jouant une partition attendue de leçon de vie sur un mode quasi documentaire, tout en misant à peu près tout sur le génie - comique et dramatique - de Poelvoorde dans un registre désormais très balisé. Car, ce n’est une surprise pour personne, le Belge fait le mimile comme personne. Hargneux, vulgaire et raisonnablement raciste, le José qu’il incarne correspond assez bien à l’idée qu’on peut se faire, même en ne connaissant rien au football, d’un type qui exerce le métier de maquignon à la lisière du négrier moderne.

    La première partie du film est ainsi un enchaînement de situations sans doute très proches de la réalité de ce monde merveilleux. Avec ses mauvaises manières, José fait son petit tyran postcolonial au milieu de ces joueurs noirs prêts à tout pour rejoindre les terrains enneigés de Belgique et, accessoirement, nourrir une bonne partie de leur famille. Au passage, le malotru n’oublie pas de profiter grassement de l’escapade africaine pour s’offrir hôtel de luxe, restos chics et jolies filles qu’il traite comme des putes.

    On voit venir d’un peu loin le spectre de la repentance prévisible du personnage quand José tombe sur un prodige des bidonvilles. Le môme, pas si gamin que ça, finit par atterrir chez les Zèbres de Charleroi, authentique club au maillot rayé noir et blanc et dont la mascotte est, ironiquement, l’animal d’Afrique. Mais, bien entendu, tout se passe mal, de manière d’abord tragicomique puis, dans la préparation à la morale de l’affaire, carrément dans un registre mélodramatique qui ne s’imposait pas dans ces proportions.

    Bruno ICHER
     
     
     
     
     

     


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    l'Afrique à la sauce de Christian Philibert

     

    Espigoule se jumelle avec le Sénégal. Une savoureuse galéjade au gout de mafé.

     

     

    Afrik'aïoli

     

    Espigoule. Ne cherchez pas sur la carte ou se trouve ce village du Var. Il n'existe que dans la mémoire de quelques milliers de spectateurs. En 1999, Christian Philibert invente la chronique plus vraie que nature de ce bout de terroir provençal, entre déconne "avé l'assent" et tranche de vie d'authentiques habitants de Ginasservis, le hameau ou il habite. La galéjade prend, jusqu'au-delà de la loire, Les 4 saisons d'Espigoule devient un phénomène. La légende du Phacomochère, bestiole imaginaire dont on parle beaucoup dans le film, prend quasiment le relais de l'histoire de la fameuse sardine tellement grosse qu'elle a bouché le port de Marseille, finit par rimer avec Peuchère. Espigoule, c'est un croisement frontalier entre Groland et Pagnol.

     

    Afrik'aïoli

    Quinze ans plus tard, Espigoule pourrait bien se jumeler avec Toubacouta, coin perdu du Sénégal. C'est là-bas que Jean-Marc, le patron de l'estaminet du village a décidé de passer ses premières vacances de retraité. Dans ses bagages, Momo, son pote de toujours, d'origine Nord-africaine. Pour les accueillir sur le sol africain, Modou, chauffeur de taxi un peu margoulin, qui flaire la paire de bons pigeons.

    Afrik'aïoli n'est pas une suite des Quatre saisons d'Espigoule, mais une sorte d'extension. Pas vraiment non plus un remake par Guédiguian des Bronzés quand l'idée n'est surtout pas d'opposer cultures blanches et noires mais de les rapprocher, de ramener sous une même bannière, un monde black-blanc-beur, ayant pour ambassadeurs ses trois pieds nickelés dans la brousse.

    Ce n'est peut-être pas pour rien que Jean-Marc tenait un troquet à Espigoule, Les quatre saisons... avait un côté Café du commerce à la méridionale, qu'on peut retrouver ici dans la certaine candeur d'un scénario prêt à embrasser tout le monde. Et après tout, pourquoi pas ? Sous son vernis de folklore humaniste, Afrik'aïoli relève un défi plus complexe que prévu : rester simple, toucher à une vérité dans les rapports. Etre une fable africano-méridionale certes, mais aussi avoir des vélléïtés documentaires pour relater un choc des cultures.

     

    Sans même que Philibert le précise, il est évident que son scénario n'est qu'une ébauche, une base à partir de laquelle les dialogues sont très probablement, pour la plupart improvisés, puisant dans une réalité. Celle d'acteurs et de decors qui n'en sont pas.

    Afrik'aïoli a été tourné à l'arrache, en une quinzaine de jours, chez l'habitant. Sans doute pour s'acclimater au bordel naturel qu'est l'Afrique, son indolence comme son chaos. En acceptant de se laisser porter naturellement par les évènements, Jean-Marc et Momo, laissent le temps à la mayonnaise de prendre, à l'aïoli, emblème provençal s'il en est, de saucer un mafé. Ou aux hymnes des supporters de l'O.M de s'accorder au son de la kora.

     

    Ce n'est pas parce qu'à Espigoule on porte des espadrilles que Philibert fait du cinéma à gros sabots : Afrik'aïoli s'adapte à certains clichés pour mieux les retourner. Jusqu'à ne pas faire des ces picaresques tribulations, du Jean Rouch. Ou alors sous un angle inversé, plaçant un regard documentaire plus sur Jean-Marc et Momo et leur culture occitane que sur Modou et son identité sénégalaise. Philibert a la décence de ne pas filmer des noirs qui découvrent l'homme blanc, mais des péquenauds provençaux qui ne sont jamais sortis de chez eux, et s'éduquent au contact des moeurs et valeurs sénégalaises, pour découvrir qu'elles ne sont pas si éloignées des leurs. Pas de vision anxiogène du monde ici, mais un retour aux sources, celles de Tartarin de Tarascon et de son burlesque bon enfant.

     

    Afrik'aïoli n'a rien à voir avec Rendez-vous en terre inconnue : ici, on ne fait pas du tourisme bobo-sociologique pour ramener une émotion fabriquée comme breloque. Philibert fait avant tout de la place à l'autre, de manière incroyablement spontanée. C'est sans doute ce qu'il y a de plus fort dans ce film, cette capacité à ne pas s'arcbouter sur des réflexes culturels, traiter tout le monde d'égal à égal. Mais sans vouloir asséner de discours, ni gommer des traits de caractères un peu épais, comme cette franchouillardise diluée dans le pastis.

    Ils sont atténués par le (très) bon esprit d'Afrik'aïoli, n'occultant jamais l'ethnocentrisme comme le racisme, mais les désamorçant en les observant du coin d'un oeil rigolard sans être dupe

     

    AFRIK'AÏOLI - Bande Annonce officielle (2014)

     

     

     


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